« Le sens des souffrances humaines est de permettre l’accession à un ordre spirituel et à des forces supérieures qui vous libèrent de celles qui ont provoqué ces souffrances. »
Graf Dürckheim
Sens de la souffrance
Dans notre monde de dualité, la souffrance est inéluctable. L’éviter ou la fuir, c’est se condamné à être en cavale toute notre vie. Pour ma part, je ne lui vois qu’un seul sens, celui de quitter nos jeux de souffrance, de prendre le chemin de la connaissance. En vérité, nombres d’éveils spirituels naissent dans la souffrance.
La souffrance permet d’ancrer le choix de la lumière. Nous pouvons nous servir de notre souffrance, comme combustible pour forger notre volonté d’aller dans l’amour inconditionnel, d’aligner l’ego à l’âme. Le sens et l’enjeu est là : transmuter notre souffrance en amour, utiliser le tremplin de notre souffrance pour nous élever vers l’amour.
« Quand tout se passe bien, nous ne remettons pas en cause les relations que nous entretenons avec les autres. En revanche, dès que quelque chose cloche, nous commençons à douter de leur pertinence. Cela signifie que nous n’acceptons de modifier notre point de vue que lorsque nous souffrons. » Dzogchen Ponlop Rinpoché
Origine de notre souffrance
« Les racines de tout mal sont l’ignorance, et les vues fausses (perceptions fausses). »
Bouddha
À l’envers de l’horloge naturelle
Nombre de nos souffrances viennent du fait que nous vivons à l’envers de l’ordre naturel. L’ignorance et le refus de la réalité, est source de souffrance.
Notre ego-mental, fonctionne à l’envers de la Vie, il veut fixer les choses et les personnes, les ranger dans des cases, et les rendre permanent, là où la Vie affirme le contraire : elle est flux permanent.
Chercher la perfection dans un ordre où elle n’existe pas, est source de souffrance.
Chercher la permanence dans un ordre où elle n’existe pas, est source de souffrance.
Chercher le plein continu dans un monde où la vie affirme l’alternance du plein et du vide, est source de souffrance.
Projeter les attentes de notre ego sur le monde et les personnes, est source de souffrance.
Une douleur inévitable
Peu rassuré par ce flux constant, notre ego préfère s’attacher, pour exister, pour avoir des repères. Nous avons besoin de cet attachement, de cet enracinement pour exister et croître. Mais à chaque attachement, une graine de douleur est semée, liée à la perte inévitable. La perte représente un choc pour l’organisme, ce qui fait de nous des êtres humains, notre vulnérabilité est notre humanité.
Souffrance subjective
En cela, la souffrance est individuelle, car elle est du l’ordre du ressenti intérieure. Elle est liée aux mémoires, qui constitue les egos de chacun. La souffrance de l’un n’est pas la souffrance de l’autre, et la même expérience vécue par l’un ou par l’autre peut être vécue d’une façon totalement différente.
Point de bascule : notre réaction
Le point de bascule est dans notre réaction face à notre douleur, est, entre aller vers « plus de souffrance », ou vers « la paix intérieure ». Le choix se fait au moment où l’on se demande : « que faire de ma souffrance ? »
La souffrance se nourrit de souffrance
La souffrance, prend plaisir à faire souffrir ; car comme tout énergie, elle se nourrit d’elle-même. Plus on réagit à notre souffrance, en l’alimentant, plus celle-ci s’inscrit dans le temps. Notre part en souffrance, n’attends que ça, elle a besoin qu’on l’instrumentalise, comme prétexte, pour faire souffrir les autres ou pour nous faire souffrir encore davantage.
La souffrance se guérit dans l’acceptation
L’échappatoire à la souffrance est l’acceptation de cette souffrance. Dans l’acceptation de ce que l’on refuse, tout en allant vers ce que l’on veut.
Étant donné que la Vie est un flux, accepter notre souffrance, et lui laisser le temps de guérir, par la répétition de son acceptation, nous mènera à sa cicatrisation.
J’assume ma souffrance, sans la vomir sur les autres
« Et vous accepteriez les saisons de votre cœur, comme vous avez toujours accepté les saisons qui se succèdent sur vos champs. Et vous traverseriez avec sérénité vos hivers endeuillés. »
Khalil Gibran, « Le Prophète »