Ce jour-là, je me suis levé sans volonté, lorsque je sondais au fond de moi ce qui m’animait, il n’y avait plus rien. Une vaste vacuité, un vase vide. Je me regardais devant mon triste miroir, j’avais dû mal à me regarder, à la place de mon visage, j’observais un fantôme. Mes démons avaient gagné, je constatais lucidement que mes efforts avaient été vains. J’étais trop démoralisé pour apprendre à demander de l’aide.
Cette pensée, que le bonheur n’avait duré qu’un éphémère moment et que la souffrance de l’effort pour le faire naître avait parût infini, me déprimait profondément. Je sentais en moi, une absence de volonté de fleurir, ce genre de fleur qui face à la tempête, la sécheresse, ne cherche plus à lutter mais se laisse mourir, la sélection naturelle en sorte.
J’acceptais ma faiblesse. Je partis sur le balcon, face à la ville s’agitant dans la nuit matinale, j’allumais ma cigarette mélancolique. Je pestais contre ma propre nature d’être, j’avais hérité d’une de ces natures à tendance dépressive, où la recherche de mon bonheur m’entraînait inéluctablement à mon malheur.
Bonheur malheureux
La recherche de la solitude pour ma quête artistique était joyeuse dans un premier temps. Puis se transmutait en profonde tristesse dans un second temps.
Je constatais avec effroi que toute ma vie n’avait été qu’un combat contre moi-même, contre le dictateur qui existait en moi. Et aujourd’hui, je n’avais plus aucune envie de me battre. Je désertais le combat. Mais, alors que le front était sans pitié, l’errance en moi-même n’était pas mieux. J’étais dans une prison où les barreaux étaient des cercles vicieux.
Face à l’absurdité de mon présent, les bonheurs passés remontaient à la surface en intraveineuse d’un poison lent et violent. Je voyais des images de sourires de mon âme sœur définitivement perdu, des rêves évanescents laissant place à ma froide solitude.
Mon moral était tellement mal que je n’avais aucune envie de répondre aux messages ou d’en envoyer à ma famille ou à mes amis. Je me laissais glisser sur la pente de mes tourments, sans voir aucune échelle pour remonter. Le fond semblait être la mort, le suicide.
Je sortis m’acheter des cigarettes, seule raison valable, puis je marchais seul dans mes pensées noires, en boucle dans ma tête, je m’assis sur un banc, en fumai une, puis une autre, par dépit. Il ne se passait rien de particulier, la souffrance était bien installée.
Fatigué de déprimer
Au bout d’un moment la noirceur s’épuise un peu, et un point de lumière apparaît. C’est l’envie de s’en sortir, mais je ne voyais pas de solution. Et les efforts pour un bonheur si court, ne me motivaient plus. Le mal de vivre était trop fort pour me redonner goût à la volonté. Je me laissais dériver sur un océan de mal-être.
Après la crise, épuisé, la fatigue m’avait diminué le nombre de pensées négatives, j’étais résolu à reprendre le combat. Mais je ne pouvais pas le faire tout seul, c’était trop pour un seul homme, j’abandonné l’orgueil de m’en sortir seul. J’avais besoin d’apprendre à demander de l’aide, besoin de quelqu’un pour lutter avec moi envers ma propre nature dépressive. Ainsi, l’idée de me faire hypnotiser me traversa l’esprit, l’idée de prendre un coach aussi.