Pendant l’enfance, dans la construction de l’ego, il y a un point clé, c’est celui de la stratégie pour attirer l’attention de son entourage, pour exister. Cette stratégie est différente pour chacun d’entre nous. Pour certains, cela va être la provocation, la méchanceté, la mise en valeur excessive, le sauveur, la parole à outrance, l’humour… Pour moi, ce fut la victimisation : être victime pour exister.
Puisque j’étais timide, en manque de confiance et rempli de peurs, mon ego d’enfant s’est dit inconsciemment, puisque je n’arrive pas être le roi de la joie, alors je serai le roi de la tristesse. Par fatalisme, avec une honte certaine, le but étant d’attirer l’attention, par mes malheurs. J’ai crée ainsi dans la réalité autant de malheurs dont j’avais besoin pour confirmer le fait que j’étais une victime du sort.
La victimisation a besoin de souffrance.
Aussi, en grandissant, j’ai même développé une peur de la réussite, et cultivé l’auto-sabotage. La victimisation est un concours de souffrance. Être victime pour exister, mon existence dépend de mes problèmes, alors je veux être celui qui souffre et qui a souffert le plus. J’aimais inconsciemment étendre mes souffrances à ma mère, et elle, jouait son rôle de sauveuse.
En principe, la victimisation a tendance à accuser les autres, mais dans mon cas, c’était différent, c’est moi que j’accusais plus que de raison. J’ai toujours accepté d’être le responsable de mes difficultés dans ma vie. En vérité, il n’y a personne à accuser, ni les autres, ni soi-même, ni Dieu, il y a juste des blessures émotionnelles à soigner, des perceptions à corriger, et des actions à mener.
Par ailleurs, dans la victimisation, il y a ce côté, de pleurer sur son sort, de se remémorer en boucle ses souffrances, de crier à l’injustice à outrance, de pleurer sur le fatalisme. En effet, ma partie de victime veut continuer à souffrir pour avoir des raisons d’être une victime, prend plaisir à constater qu’elle ne peut pas s’en sortir, elle adore secrètement son malheur et repousse les bonnes nouvelles et les solutions, et ne veut même pas les voir.
Pour que le cœur gagne, l’ego doit accepter de perdre.
Par amour pour moi-même, pour sortir de ma victimisation, il m’a fallu développer l’énergie du guerrier. Agir et digérer la douleur, sans complainte. Traverser mes peurs. Avoir une détermination sans faille, pendant des mois, à nourrir le positif. Être patient et développer la confiance en mes capacités, et en la vie.