Catégories
Poèmes

Nouvelle – Le monde est une fleur au bord de l’éclosion

Voici une petite histoire que j’ai écrite il y a quelques années, sur un garçon qui rencontre une vieille sage, et commence ainsi son apprentissage spirituelle, ouvrant sur les perspectives d’un nouveau monde.

Chapitre 1 – Porte de la nuit
Chapitre 2 – Porte de la clarté
Chapitre 3 – Porte du cœur
Chapitre 4 – Porte de la nature
Chapitre 5 – Porte de la vérité
Chapitre 6 – Porte de l’unité
Chapitre 7 – Porte de l’utopie

CHAPITRE 1
PORTE DE LA NUIT

Quand il était petit, la grand-mère de Bleu, racontait que le Monde était passé par la Porte de la Nuit, et perdu sans repères, il ne trouvait plus la sortie. Dans un premier temps, il avait appelé la lumière en désespoir de cause, puis faute de réponses, ou d’écoute, le Monde s’était enfoncé davantage dans la Nuit noire.

Bleu pensait à cette histoire, quand il prenait un instant pour regarder la direction de la société. Il y voyait toute une imaginaire de la société reflétait l’issue du chemin prit : on ne comptait plus les films catastrophes, dystopiques, comme pressé d’en finir. Les artistes, de l’écrivain au cinéaste, prophétisait une chute de la Civilisation. Seuls les politiciens, avaient l’air de ne pas trop réfléchir à la question, ils en parlaient pour faire bon genre, mais de la campagne à la ville, il y avait un sentiment général de perdition. Alors, Bleu lisait de moins en moins, et n’allait plus au cinéma, une solution pratique à la morosité.

À l’école, et, Bleu était passé par là, on montrait aux enfants, la destruction imminente du monde dans lequel il vivait, un constat d’une crise globale : des océans aux vagues de plastiques, des plages-déchets, des fleuves chimiques, des forêts brûlés, des déserts grandissants, des calottes glaciaires qui fondent comme un glaçon dans un verre d’eau, sans un bruit, des villes géantes regorgeant de richesses que de pollution. Tout le vivant était concerné y compris l’Homme, trop occupé à bâtir des robots, il était devenu robot lui-même, ne bougeait que lorsque son « pouvoir » d’achat diminué. Bref, la vie se mourrait, au cœur même de l’humain.

Les enfants, évidemment, étaient déprimés face à un non-futur qu’on leur annonçait. Déjà à l’école, on leur confiait la responsabilité de sauver le Monde. Un fatalisme leur collait à la peau, et parfois ils enviaient la vieillesse, c’était une chance d’abréger la souffrance de la vie, les écoliers rêvaient de maison de retraite, de choisir la non-responsabilité face à la trop grande tâche qui les attendait. Parfois, ils avaient du baume au cœur en regardant les progrès de la conquête spatiale : la fuite plutôt que la Vie.

De multiples études disaient qu’il faisait de plus en plus chaud, que le dérèglement climatique s’accélérait, que les riches devenaient de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres, mais tous semblaient faire comme si cela avait été toujours comme cela. Le cynisme général avait remplacé l’idéalisme, et la recherche de solution.

Il est vrai que les statistiques évoquant un dessein funeste n’étaient pas très parlantes pour l’âme, après tout, ce ne sont que des chiffres. Conséquence de cette tâche immense qu’on leur annonçait, ils se tournaient davantage vers le divertissement, convertissant tout entier leur désespoir en espoir technologique. Heureusement, il y avait les écrans, on espérait sans cesse de nouveaux jeux vidéos, de nouveaux gadgets, on était addict à tous les divertissements, tout ce qui nous pouvait nous rendormir, nous éloigner le plus possible de la réalité, et quand le pessimisme était trop fort, on évoquait une solution-miracle, que les prêtres-scientifiques sortiraient au moment opportun. On rêvait les yeux ouverts, la tête dans le sable.

La baisse générale du niveau intellectuel de la société n’était qu’une conséquence d’un modèle sociétal qui prônait la liberté d’être débile. Pour cela, la télévision était le pilier, son rôle de diffuseur d’idioties, avec un nombre grandissant de chaînes, confirmé l’adage d’une « connerie sans limite ». On pouvait compter sur les programmes de « télé-réalité » où l’Homme se changeait en animal et traînait ses bas-instincts en quête de reconnaissance vite zappé. La télévision était aussi le dernier ami des retraités, qui avaient souvent travaillé dur toute leur vie pour une fois arrivé à la retraite, regarder le petit écran toute la journée, regarder les images défilées en attendant leur mort.

Tous les secteurs de la vie étaient dominés par le règne de la quantité, au détriment de la qualité. Pour Bleu, il était difficile de manger quelque chose de bon en ville, lui qui regrettait les plats campagnards de sa maman, la malbouffe y étant omniprésente, parfois ses papilles s’extasiaient avant que son l’estomac se détracte. Les soi-disant restaurants semblaient mettre plus d’argent sur les campagnes de publicités que sur la qualité des produits. Manger saint était devenu une anomalie, et ne parlons pas de la boisson qui ressemblait à du sucre liquide, plus que de l’eau.

Bleu grandissait, en plein cœur de cette morosité-joyeuse, en ville. Après, de courtes études, qu’il n’avait pas pu finir par manque d’argent, il avait pris un emploi comme garçon de café, dans un grand café de la Capitale. Son travail lui faisait rencontrait toute l’intelligentsia du pays, qui ne lui semblait pas très intelligente.

Mais parfois, il était quand même impressionné, ces gens-là parlaient de chiffres avec des tas de zéros, de business plan, de stratégie marketing, et de tout un tas de termes anglais qu’il ne comprenait pas très bien. Il avait l’impression d’avoir à faire à de redoutables stratèges, qui étaient prêts à tout, et c’est ce qui lui faisait peur.

Il entendait parfois parler de vacances dans des îles lointaines, où le soleil brillait tout le temps là-bas. Alors qu’ici, chaque semaine, une nouvelle alerte à la pollution de l’air était décrétée et on déclarait le soleil absent, il se cachait derrière un épais nuage gris le gredin, le temps d’un moment, il devenait un mythe, une légende urbaine qu’on entends parfois en fin de soirée.

Bleu souriait aux clients. Mais il était déprimé. Parfois, il parlait de tout çà un peu avec les clients, certains partageait son pessimisme, d’autres semblait bien loin de penser à la fin, il préférait parler du dernier spectacle dont il sortait tout juste. Oublié, c’était le mot. La société passait son temps à oublier qu’elle se mourrait. Il avait même rencontré quelqu’un, un scientifique ou quelque chose comme çà qui jurait que l’Homme allait devenir surhumain et deviendrait immortel, et il avançait, avec culot, que l’éternité était possible pour cette génération !

Bleu, lui n’arrêtait pas d’y penser. Non pas à l’éternité, mais à l’éphémère. C’était même son problème, il ne faisait que y penser. C’était devenu une obsession, et plus il y pensait, plus il déprimait, il s’était mis à fumer abondamment. Il se disait même que s’il continuait d’y penser, il finirait par se suicider. C’était trop dur à supporter la responsabilisé du Monde, dans une société libre mais irresponsable. Parfois, il pensait même que c’était lui le fou.

Alors, il commença à chercher des gens comme lui, qui y pensait. Il en rencontrait quelques-uns, notamment Toni Laklaes, un ingénieur qui cherchait des solutions pour moins polluer. Mais dès qu’il parlait de solution pour tous à moindre coût, tous les investisseurs déguerpissait. Il ne trouvait pas de sous pour financer ses projets bienfaiteurs. Bleu regardait ces projets d’un air rêveur, mais il se disait ironiquement que l’humanité était capable de se servir de ces inventions pour faire la guerre, au détriment du futur.

Une fois, Toni Laklaes, lui avait montré un générateur à énergie libre miniature, il semblait marché. Toni lui disait qu’avec cette invention, il pourrait éclairer le monde gratuitement et même supprimer toute la pollution, provenant des véhicules, çà serait une révolution, mais certaines personnes ont peur du noir, d’autres ont peur des révolutions, encore plus quand il n’y a pas d’argent à se faire. Alors, dans son petit laboratoire, il essayait encore et encore de changer le monde, en espérant qu’un jour le Monde soit prêt à changer.

Il avait raison Toni, le monde ne semblait pas prêt à changer, mais s’il ne changeait pas, le Monde s’autodétruirait. Alors, Bleu commença à réfléchir, encore, puis encore. Il en vient à se dire que lui-même devait changer. C’était la clé de voûte d’un changement général. De nouvelles questions apparaissaient : peut-on vraiment changer ? pour combien de temps ? l’humanité a-t-elle évolué sur le plan moral depuis deux-mille ans ? Il ne savait plus dans quelle direction aller. Il avait envie d’aller à contre-courant, mais le courant semblait si fort, qu’il avait l’impression qu’il courait droit à sa propre perte.

Alors que Bleu était assis dans un parc, il se demanda d’abord comme arrêter ce flux de pensées, qui malgré toutes les ramifications semblait tourner sur lui-même. Bleu se disait souvent que s’il était payé à penser, il serait riche. Alors qu’il pensée à arrêter de penser, il était interrompu brusquement par une dame âgée qui lui lança un livre.

– Hé ! Pourquoi vous me jeter ce livre ?
– C’est un livre pour apprendre à ne plus penser, dit la vieille dame.
– Comment savez-vous que j’étais justement en train de penser à arrêter de penser ?!
– Ne cherche pas à savoir, lis-le. Mais, surtout pratique le.
– Mais je ne sais pas arrêter ma pensée, ce n’est pas avec un livre que je vais apprendre !
– Très bien, lis-le, et revient la semaine prochaine à six heures dans ce même parc, il fera beau, je t’apprendrai à méditer, il n’y a rien de difficile, il faut juste le faire.

Et la vieille dame tourna le dos, et disparu dans le chemin sinueux du parc.

Bleu avait à peine eut le temps de la dévisager, qu’il ne comprenait pas ce qui venait de se passer, s’il avait rêvé ou si tout çà était bien réel. Il avait pourtant le livre sur ses genoux : « La Méditation » de Bokar Rimpoché.

Du Bouddhisme tibétain, il en avait entendu parler, de loin. Il avait toujours trouvé cela absurde de perdre son temps à s’asseoir et ne rien faire, il ne voyait pas bien ce qu’il gagnait à faire çà. Mais, toute opinion refaite, le raisonnement était simple, autant essayer ou alors il courait à sa perte, pendu par la corde de sa pensée. Finalement, il n’avait pas trop le choix.

Bleu en s’endormant ce jour-là, repensa à l’histoire de la Porte de la Nuit de sa grand-mère. Il semblait distingué difficilement une autre Porte, d’où provenait une étrange lumière dorée, pleines de promesses, çà lui donnait de l’espoir au cœur, même s’il ne savait pas comment l’atteindre, il avait l’envie de la chercher, de la trouver et de l’ouvrir.

CHAPITRE 2
PORTE DE LA CLARTÉ

Bleu lisait attentivement ce fameux livre, fournit par la providence ou par une vieille dame, il ne savait plus trop. Il était arrivé à la même conclusion que l’auteur : « La manifestation extérieure est une réponse à la qualité de notre monde intérieur. Le bonheur que nous désirons ne viendra pas de la restructuration du monde qui nous entoure, mais de la réforme de notre monde intérieur. » Et bien, Bleu pensait que la qualité du monde intérieur des gens ne devait pas être belle pour vivre dans une « réalité » aussi pourrit à l’extérieur…

L’auteur, Bokar Rimpoché, était un lama, c’est à un dire un maître spirituel, qui plus est, tulkou, considéré comme la réincarnation d’un grand lama défunt. Bleu restait perplexe face à cette idée, mais bon, chacun ses croyances, disait-il. Le Maître Tibétain avait eu une vie mouvementée, il avait dû fuir la Chine en 1959, à cause de l’oppression de l’envahisseur, et s’était retrouvé en Inde avec la communauté Tibétaine en exil à continuer son érudition, et avait nomment effectuer deux fois une retraite de trois ans ; trois années à consacrer son temps à la méditation, pour sûr, c’était un professionnel.

La première étape de la Méditation s’appelait « Chiné« , soit la pacification mentale en Tibétain, c’était vraiment ce qu’il fallait pour Bleu. Bokar recommande plusieurs techniques, de la visualisation d’une petite sphère de lumière blanche au niveau du font en s’y concentrant au mieux de ses capacités, à la focalisation sur le va-et-vient de la respiration.

« Les fruits temporaires et ultimes de la méditation : la sérénité, la liberté face aux circonstances, et, enfin, l’état du Bouddha. » Bleu voyait bien là une solution à tous ces problèmes, en revanche, il ne connaissait pas l’état du Bouddha, mais à la vue de toutes les statues qu’il avait de lui, c’est sûr qu’il n’avait pas l’air angoissé.

~

Enfin, le jour du rendez-vous dans le parc arriva. Il allait enfin pouvoir s’exercer à la méditation, qu’il n’avait qu’esquissait à travers le livre, tout restait très flou pour l’instant. Levé à 5h du matin, il n’avait jamais été aussi matinal, il espérait que ce ne soit pas un canular, sinon, il allait pester sévèrement. Sur le chemin, tout était calme, c’était agréable, on commençait à entendre les oiseaux fêtant le retour du jour. Enfin parvenu à l’entrée du parc, il aperçut la vieille dame, posé sur un coussin au milieu de l’étendue d’herbe, qu’il lui fit signe de venir.

Elle avait un visage paisible, un demi-sourire bienveillant qui effaçait les marquages du temps, ses petits yeux bleus brillait à la lumière de l’aube à travers ses lunettes, et des cheveux blanc couronnait sa lumière intérieure.

– Bonjour, vous êtes déjà là ! demanda Bleu pour confirmer sa présence.
– Bonjour, oui, viens-donc, tiens je t’ai apporté un coussin de méditation, tu vas te mettre là, vas-y installe toi à côté de moi, dit-elle d’une voix déterminée.
– Comment-vous appeler vous, si je puis me permettre ?
– Violette, et toi tu t’appelles Bleu, ne perdons pas de temps avec les noms d’usages, passons à l’enseignement. J’espère que tu as lu le livre, maintenant sache que sur la Voie spirituelle, c’est bien de lire mais c’est encore mieux de lire et d’expérimenter. Car la connaissance profonde doit se vivre. » Il acquiesça, mais il se demanda comment elle connaissait son prénom, lui, était sûr de ne pas la connaître.

« Bien, tout d’abord la position : il te faut trois points d’appui au sol, très important pour être stable. Tu vas t’installer en demi-lotus, tes jambes bien au sol, et ta jambe droite sur ta jambe gauche, dans un premier temps, puis tu changeras au bout de vingt minutes. » Bleu s’exécuta, et première difficulté, cette position lui faisait horriblement mal aux jambes.

« Bien, pour méditer, comme il est dit dans le livre, tu vas concentrer ton ressenti, placer ton attention sur ta respiration, sur le mouvement de ton abdomen. Si tu as du mal à tenir la vigilance sans aucune pensée, ce qui est normal au début, compte le nombre d’inspiration et d’expiration, ce qui te permettra de savoir quand tu perds le fil. Ainsi, j’inspire un, j’expire un, j’inspire deux, j’expire deux, etc. jusqu’à dix, puis tu recommences, jusqu’à te sentir capable de ne plus compter et de garder ton attention concentrée sur ta respiration. »

« Maintenant, nous allons dédicacer notre méditation pour le bien de tous les êtres vivants. » Elle alluma un encens, et l’odeur du patchouli parvint aux narines de Bleu. Elle sortit un petit bol doré qu’elle posa sur un petit coussin, avant de le frapper avec un petit marteau, tout était petit, même le geste, mais ainsi, commença la Méditation.

Bleu laissa tomber ses yeux demi-clos, tout en se concentrant sur sa respiration. Il se demanda s’il était bien assis, puis essaya de reprendre conscience de sa respiration. La conscience de sa respiration était sans cesse coupé par une avalanche de pensées : il pensait s’il avait bien tout ce qui faut pour manger à midi, qu’il avait mal à la jambe droite, que ça lui picotait même sous les pieds, à un client mécontent qui l’avait énervé hier, il revoit encore son visage dédaigneux et ses remarques désagréables. Il pensait même au programme télé, tout en sachant qu’il n’y avait jamais rien de bien.

Violette interrompu son flux de pensée, en l’invitant à retourner lentement à sa respiration. Alors, la pensée s’arrêta, mais sa douleur à la jambe s’amplifia, il tenta de bouger un peu sa jambe, mais la douleur persistait. Les secondes semblaient si longues, c’était horrible, il espérait que Violette mette fin à la méditation mais rien ne venait, le désespoir de ne pas être capable le tenaillait. Il se jugeait bien incapable de méditer.

Violette interrompu de nouveau son flux de pensée, en l’invitant à retourner lentement à sa respiration. Son corps tremblait, il tenta de bouger son pied de quelques centimètres, peut-être que ça ira mieux, mais ce n’était pas très efficace. Il entendu un vélo passait dans le parc, et au loin un klaxon, quelle idée de klaxonner à six heures du matin s’indigna-t-il.

« Imagine que ta conscience soit claire comme un grand ciel bleu, et laisse passer les nuages que sont tes pensées, laisse les nuages disparaître chassés naturellement par le vent. » l’interrompu Violette. Sa voix pleine de sérénité le détendait partiellement, avant de nouveau d’être confronter au bouillonnement de son mental. Il pensait au décolleté d’une passante vue il y a dix minutes. Enfin, il entendit le gong du petit bol, enfin libéré de penser, ou otage, il ne savait plus trop.

« Bien, ça fait vingt-cinq minutes, on va s’étirer un peu pour que tu sois plus à l’aise. »

Bleu imita Violette, qui malgré son âge, gardait une souplesse exemplaire. Puis de nouveau, sur le coussin, en position de demi-lotus, le dos et la tête droite, les épaules relâchés, Violette, de nouveau, frappa le bol d’un son cristallin, annonçant le retour à sa propre présence.

Bleu comptait ses inspirations, après trois boucles de dix, il lâcha le compte, pour se concentrer sur le mouvement de son abdomen, il avait l’impression de forcer pour ne pas que son esprit divague. Puis vint l’ennui. Il était là, à ressentir sa respiration, mais il s’ennuyait, chaque inspiration-expiration lui paraissait une éternité, il était tenté de se laisser emporter par une pensée pour faire passer le temps ; en voici une justement, il avait un rencart cet après-midi, avec une jolie brune, il imaginait la rencontre, la table sur la terrasse, les sujets de conversations, sur le sa passion pour la littérature, d’Albert Camus et …

Dong… Était-ce finis ? Il regarda Violette, elle méditait toujours, c’était un simple rappel à la respiration, il prit une grande inspiration pour replonger de nouveau sur la contemplation de son souffle. Mais la douleur à la jambe revenait, il se disait qu’il devait vraiment se mettre au yoga pour soulager cela, car sa jambe de nouveau tremblait, et la douleur semblait se propager jusqu’au pied.

Dong… Cette fois, c’était la bonne.

« Tu as vu comme il est difficile de garder la clarté de ton esprit, surtout lors de la première méditation. Ton mental te prend en otage en générant sans cesse des pensées pour lesquels tu t’y attaches et tu t’identifies à elles. En méditant, tu découvres qu’il y a une présence sereine, derrière ce tas de pensées, un observateur, tu peux t’exercer à le ressentir aussi en essayant d’observer qu’elle sera ta prochaine pensée, ce qui force ta conscience à placer toute ton attention sur le mental.

Il faut persévérer sur la Voie pour rendre compte de vrai changement. Dorénavant, si tu veux connaître la joie au-delà de la joie, il faudra que tu médites tous les jours une heure pour progresser et atteindre un esprit calme et clair, son état naturel, comme un lac cristallin. Cet état n’est pas une fin en soit, c’est le début. C’est elle qui te révèle à ta vraie nature, celle d’un être spirituel, ainsi, tout commencera lorsque tu auras atteint cet état de présence, c’est la porte de la Réalité.

Bien, il faut que je parte maintenant, on se revoit la semaine prochaine, même jour, même heure pour méditer, et je t’enseignerai une autre leçon.
– Merci Violette pour cette initiation, je suis d’accord pour une autre leçon, moi aussi, il faut que je file ! À la semaine prochaine alors !

En rentrant chez lui, Bleu se sentait plus léger, il allait gaiement dans les rues, bien décider de continuer dans cette voie, dont il ignorait tout.

L’après-midi, eut lieu son rancart avec mademoiselle Avril, au café sur la terrasse avec un brin de soleil comme il avait imaginé le matin même, ils échangèrent de tout et de rien, mais surtout de regards séducteurs, de recherche de signes d’intérêt, d’histoire drôles, de musique et même un peu de spiritualité, un peu d’optimisme dans ce monde pessimiste. À l’issue du café, ils se donnèrent de nouveau rendez-vous pour un cinéma la semaine d’après.

Bleu, engagé dans la méditation, se leva une heure plus tôt chaque jour pour pratiquer une heure entière, c’était difficile, et il désespérait un peu, il n’observait pas spécialement de progression, tout en sachant qu’il était encore débutant. Et la fatigue du travail lui pesait sur les épaules, il lui arrivait de bailler plus que de méditer. Il parvint cependant le samedi, la veille du rendez-vous avec Violette, à une assez bonne méditation, pensa-t-il.

~

C’était dimanche matin, de nouveau six heures du matin, dans le parc. Bleu retrouva Violette au même endroit avec son tapis, à peine salué, qu’il entama fière de lui :

– J’ai fait une bonne méditation hier, pleine de sérénité !

– Relis le livre de Bokar Rimpoché, réprimanda Violette : « Méditation bonne ou mauvaise, l’important est simplement de méditer. Route bonne ou mauvaise, il faut avancer. De même, sur le chemin de la méditation, il faut persévérer sans se soucier des difficultés ni s’attacher aux moments heureux. » Tu n’as pas besoin de te réjouir ni de te juger sur ta méditation, l’important est d’être pleinement présent.
– Ah oui, pardon, bredouilla Bleu.

Et de nouveau, Violette donna un rendez-vous hebdomadaire à Bleu, pour pratiquer, et lui promit d’approfondir l’enseignement petit à petit.

CHAPITRE 3
PORTE DU COEUR

Un mois était passé. Bleu persévérait sur la Voie méditative. La pratique quotidienne et pleine de bonne volonté commençait à porter ses fruits, il demeurait plus calme, moins tracassé, un début de paix commençait à émerger en lui, même s’il restait encore quelques obstacles comme la peur de l’ennui, les douleurs persistantes en demi-lotus…

Durant ce mois, il avait également commencé une relation avec Avril, le rendez-vous au cinéma s’était bien passé. Ils étaient allés voir Big Fish de Tim Burton, un film où le héros interprété par Ewan McGregor est prêt à tout pour séduire la femme qu’il aime, à lui offrir un champ de sa fleur préféré, les jonquilles, ou encore dessiner un cœur dans le ciel, l’arraché à l’ennui par toutes sortes d’extravagances. Lors du générique de fin, Bleu avait saisi la taille d’Avril, pour l’approcher, et tendrement l’embrasser. Ils étaient sortis heureux du cinéma, et une aventure à deux commençait.

Ce dimanche-là, il retrouvait joyeusement Violette pour un nouvel enseignement, toujours dans le parc, malgré les six heures du matin, l’air doux de l’été rachetait la douleur du réveil.

« Maintenant que tu as appris et commencé à pratiquer la méditation sur la respiration, il faut que tu saches qu’elle n’est que la porte d’entrée à un autre monde : le monde sensible. Méditer permet de ralentir les productions de pensées qui nous prennent en otage. La place libérée dans l’esprit, permet de développer ton ressenti et ta compassion envers les êtres vivants. Notre société actuelle vit le syndrome de Stockholm avec la prise d’otage du mental, du raisonnement, de la logique et du chiffre, elle adore ça, elle ne demande que des PowerPoint de graphiques et des pourcentages positifs. La pratique méditative te redonne la liberté, cette liberté d’offre un nouveau champ des possibles, dont la compréhension de la vraie nature des choses.

Méditer, c’est observer ce qui se passe en nous. Il n’y a pas que les pensées à observer, il y a aussi les émotions ; la colère, la tristesse, la joie, tout se prête à l’examen. En observant ce qui se passe en nous, on prend le contrôle, car en observant la colère, on met une distance entre nous et la colère, elle n’est plus vraiment là, la prise d’otage de l’émotion est terminée. L’observation rend libre.

Aujourd’hui, je vais t’enseigner une méditation guidée pour développer la compassion. Elle est la pierre angulaire du chemin spirituel. « Bien, assis-toi confortablement en demi-lotus. »

Violette, de nouveau, sortit un petit bol chantant qu’elle posa sur un petit coussin, avant de le frapper aimablement de son petit maillet, pour annoncer le début de la méditation. Mais, à la surprise de Bleu, elle ne parlait pas, elle restait concentrée sur sa respiration, il essayé de l’imiter, tout en étant dans un sentiment d’attente vis-à-vis de cette méditation guidée annoncée, il trouvait le temps long.

Dong… Vingt minutes étaient passé.

– Ben, on n’a pas fait la méditation guidée ? demanda, incrédule Bleu.
– Attends, tu vas trop vite, la première étape est, toujours, de réduire son nombre de pensée pour demeurer pleinement dans le moment présent. Et tu as a pu observer en toi, comment une attente pouvait te déstabiliser, une attente est un désir qui t’empêche de vivre le moment présent pour un événement dans un futur incertain. Apprends à les maîtriser. Bien, je vais maintenant lancer la méditation guidée. »

Dong…

« Tu vas, maintenant, te concentrer sur un être bienveillant envers toi, qui ne te juge pas mais qui, au contraire, te donne un amour inconditionnel. Cela peut-être ta mère, ton père, ou une autre personne qui t’aime. Ressens ce lien, cet amour, que cette personne te porte pour toi. Ressens ce lien au niveau du cœur. Ressens le contour de sa douceur infini.

Maintenant, tournes cet amour vers toi.
On ne peut pas aimer les autres, si on ne s’aime pas soi-même.
Ressens cet amour inconditionnel envers toi-même.
Tu ne te juges plus. Tu ressens l’amour au plus profond de toi.

Élargis cet amour à quelqu’un que tu aimes.
À qui tu souhaites d’être heureux, envahit de bonheur véritable.
Ressens cet amour inconditionnel que tu donnes avec joie.

Élargis cet amour à quelqu’un que tu ne connais pas.

Un inconnu que tu as croisé dans la rue, à qui tu as seulement échangé quelques formalités. » Bleu pensait à la boulangère à qui il avait acheté ses croissants à la première heure ce matin. Il essayait de ressentir cet amour inconditionnel et de lui partager, de lui souhaiter d’être heureux.

« Maintenant, élargis de nouveau le rayonnement de cet amour bienveillant à quelqu’un que tu n’aimes pas, ou qui t’a peut-être blessé. » Directement, Bleu pensa à un client du café qui l’avait énervé la veille, qui l’avait mal traité et s’était moqué de lui. Il en gardait encore de la rancœur, difficile de lui partager cet amour inconditionnel, mais puisqu’il est inconditionnel, il essaya, de pardonner cet homme, peut-être avait-il eut une mauvaise journée ? peut-être n’avait-il jamais été aimé ?

Dong…

« Que tous les êtres soient remplis de joie et de paix », dit Violette en interrompant le silence. Quelques minutes passèrent le temps de retrouver l’habitude de penser.

« N’hésite pas à pratiquer la méditation de l’Amour Bienveillant, de temps en temps, surtout lorsque tu as des problèmes relationnels, car comme le répète sa sainteté le Dalaï-Lama : « Qui pourrait bien vous offrir la chance de développer votre compassion sinon votre ennemi ? Il peut vous enseigner la tolérance. Votre propre maître, quelqu’un de votre famille, ne le peuvent pas directement. C’est pourquoi votre ennemi est vraiment d’une grande aide. À l’évidence, il est votre meilleur ami, votre maître le plus précieux. »

Garde bien cela en mémoire : notre ennemi est notre meilleur ami, pour cultiver la compassion. Continue de pratiquer et revient la semaine prochaine, même jour, même endroit. Ils se quittèrent joyeusement, chacun dans sa direction.

~

Une semaine passa. Une semaine où Bleue essaya de mettre en pratique la compassion. Lorsqu’un client l’irritait, il essaya de prendre conscience de cette irritation, de cette colère intérieure, il n’y arrivait pas toujours sous le coup de la fatigue, mais lorsqu’il se rendait compte qu’il était en colère, celle-ci semblait diminuer et avoir moins d’emprise sur lui. Il essayait de même, avec les émotions négatives, il observait les pensées déprimantes, et pour lutter efficacement, se programmait une séance de sport, de yoga, ou de course à pied pour être sûr d’éliminer les pensées négatives.

De nouveau, le rendez-vous dominical avec Violette. C’était comme si rien n’avait changé, de nouveau sur le coussin de méditation, de nouveau le petit marteau frappe le petit bol chantant et l’observation de la respiration commence.

Dong…

Enfin, après vingt minutes de méditations dans le silence, les premiers mots nouveaux du jour de la part de Violette. « Aujourd’hui, je vais aborder une notion capitale, qu’on approfondira plus tard : la vision supérieure, ou vision profonde. Elle est la vraie nature de la réalité. L’état induit par la méditation permet d’ancrer en nous profondément la réalité des choses, c’est pour cela qu’il y a de nombreuses méditations guidées dans le bouddhisme, elles sont comme une boussole qui nous indique la direction à suivre. Elle nous guide sur cet immense territoire qu’est la conscience, d’où l’importance de suivre des enseignements par un maître, et ne pas se fier qu’aux livres, qui n’expriment que la surface des choses, l’expérience est la nage sous la surface.

Le développement de l’amour se fait par la compréhension de l’interdépendance. Cela peut paraître pour ton mental juste un concept : l’interdépendance. Il falloir méditer et pratiquer l’inspection de la réalité en état méditatif, pour se rendre compte de l’Ultime réalité, qui ne peut pas s’exprimer avec des mots.

Tout dans ce monde est relié, il n’existe rien qui n’ait sa propre identité. Comme le dit le moine vietnamien, le vénérable Thich Nhat Hanh « L’existence d’une table n’est possible qu’à cause de l’existence d’éléments que l’on pourrait appeler « le monde non-table » : la forêt où le bois a poussé et a été coupé, le menuisier, le minerai de fer qui est devenu vis et clous… Une personne qui regarde une table et qui y vois l’univers est une personne qui embrasse la voie. »

Ainsi, à la lueur de cette Ultime Réalité, comprendre et aimer vont toujours ensemble. Comme le précise, le vénérable Thich Nhat Hanh, « En examinant à la lumière de la conscience l’interdépendance de tous les êtres, le méditant parvient à voir que les vies de tous les êtres ne font qu’une, et il est submergé de compassion pour tous. Quand vous ressentez cet amour, vous savez que votre méditation porte ses fruits. Comprendre et aimer ne font qu’un. Une compréhension superficielle entraîne une compassion superficielle. Une profonde compréhension entraîne une grande compassion. » C’est une longue quête que de voir la Réalité.

Bleu resta perplexe sur cette explication d’une Réalité, derrière la réalité.

Violette reprit la parole : « C’est juste un premier aperçu, c’était surtout pour que tu comprennes que la compassion est très liée à cette notion de connexion avec tout ce qui nous entoure. Et d’autant plus qu’avec l’idée de la réincarnation, nous avons pu être un insecte, une fourmi, une mouche, un moustique, dans une autre vie, et la condition humaine est la seule qui permet d’atteindre la libération : le nirvana. C’est à dire l’extinction de tous les désirs.

Nous verrons çà plus tard, çà fait déjà beaucoup pour aujourd’hui, rendez-vous la semaine prochaine, pour un nouvel enseignement.

La semaine passa vite encore, Bleu essayait tant bien que mal d’essayer de voir cette nouvelle réalité : « Tu regardes le ciel et tu vois un magnifique nuage, le nuage devient la pluie, et lorsque tu bois ton thé, tu peux voir le nuage dans ton thé. » explique Thich Nhat Hanh. Il faut raisonner et regarder la nature pour voir sa nature interdépendante, cyclique.

De nouveau dimanche, de nouveau dans le parc. De nouveau le sourire de Violette.

Après la traditionnelle méditation de début de journée, Bleu attendait les nouveaux mots de la semaine. « Il est important de reconnaître sa lumière intérieure. » dit-elle, en brisant le silence. « En contemplant la beauté de l’Univers, on cultive sa propre beauté intérieure. Je citerai Arnaud Riou : « c’est la qualité de votre regard qui vous rend beau et non ce que vous regardez. Si vous trouvez une fleur belle c’est que la beauté est en vous ! » Alors apprends à augmenter la qualité de ton regard, à voir la beauté là où elle se cache, car la beauté de l’univers est là, en permanence, il n’appartient qu’à toi de la regarder.

CHAPITRE 4
PORTE DE LA NATURE

Nouveau dimanche, mais cette fois, Violette avait donné rendez-vous à cinq heures du matin, un horaire difficile pour Bleu, si bien qu’il faisait encore nuit. Les lampadaires guidaient Bleu dans le parc, où Violette lui avait donné rendez-vous, dans un nouveau lieu, tout en haut de la colline, sous le kiosque. Arrivait essouffler, après avoir gravit toutes les marches, il discerna Violette dans le brouillard et l’obscurité.

« Bien, tu es arrivé à l’heure pour le spectacle, assis-toi à côté de moi, nous allons maintenant assister à un beau lever de soleil dans le complet silence, juste apprécier la beauté de la nature : la naissance d’une nouvelle journée, pleine de promesses d’instant présent.

– Superbe ! s’exclama Bleu, pour qui assister au lever du soleil était une chose très rare, il se levé toujours bien plus tard que l’astre. »

Sur ce mot, Violette fit retentir son petit bol chantant. Le son cristallin se répandit dans le parc, et plus encore, il était comme le signe annonciateur au soleil pour lui indiquer que le spectacle pouvait commencer. Et alors, du haut de leur petite montagne, le soleil, sans se montrer, coloré déjà l’ouest, d’un dégradé bleu-doré, en passant par le violet. Ces couleurs se reflétés sur l’étang en contre-bas : magnifique, Violette avait eu raison de cet emplacement pour admirer pareil chose. Il n’y avait pas un nuage, seulement des couleurs. Progressivement, le bleu et le violet de l’horizon disparaissaient, et seul le doré restait, brillant davantage. Enfin, la lueur orangée, de plus en plus pâle, céda lentement au bleu des beaux jours, tandis qu’à l’est, une énorme boule jaune sorti petit à petit, et avec lui, une lueur doré aveuglante qui envahissait tout l’horizon.

Violette brisa le silence. « Après t’avoir indiqué la porte de la Clarté et la porte du Cœur, voici maintenant, une porte plus terre-à-terre : la porte de la Nature. Je voulais te convier à ce spectacle, pour te montrer que la nature, regorge de spectacles gratuits, il suffit juste de se déplacer, d’aller à leur rencontre, pour s’imprégner de sa Beauté. Et à force de côtoyer la mer, la montagne, la campagne, la beauté de la nature va profondément s’inscrire en toi, et tu prendre sa défense naturellement, car ta perception sur la nature aura changé.

La Nature est l’exemple de l’ordre naturel des choses. « En éloignant l’Homme de La Nature, on l’a éloigné de Sa Nature ! » disait le philosophe chinois Liet Zi et il avait parfaitement raison : il est vital pour l’homme de côtoyer la terre, de voir la nourriture pousser, notre relation à elle, notre dépendance, sinon on en oublie nos fondamentaux. La complexité de notre société nous masque cette vérité simple, nous avons besoin d’elle. Alors que, dans nos grandes villes, nous l’oublions facilement, abreuvés de publicités et nourrit de divertissement, nous devenons prisonniers d’une vie facile et factice.

Nous sommes comme notre propre nourriture industrielle, nous poussons hors-sol, sur du bitume, et hors-ciel, dans des serres-bureaux, on ne voit même plus les étoiles, fortement concurrencé par notre pollution lumineuse. Le centre-ville est devenu le centre-égotique de l’être humain. Comment l’homme peut-il bien se porter s’il se coupe d’une grande partie de lui-même ?

On n’a oublié la beauté de la nature. On a donc oublié, le sens même de la nature, en vivant reclus dans nos villes. On ne peut pas ressentir l’immense beauté de la nature à travers le petit écran, il nous faut la vivre. Il faut qu’elle pénètre en nous, qu’on soit nous-même, au milieu des montagnes, face à l’immensité de l’océan, qu’on se sentes tout petit face à sa grandeur. Explorer la nature, c’est retrouver notre humilité.

Notre richesse se fait au détriment d’une partie de l’humanité, et d’une partie de la Terre, notre richesse, nos créations sont destruction de l’autre côté, c’est parce que nous ne le voyons pas que nous continuons. Il faut suivre l’exemple de la nature, faire fonctionner notre société de manière cyclique.

Toi, Bleu, je crois que tu aimes bien Albert Camus, il nous avertissait déjà en 1939, dans Noces : « Délibérément, le monde a été amputé de ce qui fait sa permanence : la nature, la mer, la colline, la méditation des soirs. » De l’eau à couler depuis cette phrase et le problème s’est empiré.

Nous sommes la nature. Nous sommes composés des quatre éléments, que nous le voulons ou non. Nous respirons de l’air, nous buvons de l’eau, nous mangeons les aliments de la terre, le feu maintient notre température à trente-sept degré. Prendre soin d’elle, c’est prendre soin de nous. Nous passons en moyenne vingt-cinq heures par semaine devant un écran contre 30 minutes seulement en forêt.

Pourquoi je te parle autant d’un coup de la Nature ? Car, il est très important d’avoir un bon ancrage pour évoluer sur le chemin spirituel, tout comme un arbre développe ses racines pour grandir. Il est important d’accepter sa réalité terrestre, ne pas être pris en otage par un idéal d’après-vie, le meilleur remède est l’instant présent, il faut être un bon vivant, aimer la vie, cultiver la joie. Sans poser ses valises, on ne peut pas se déployer.

C’est pour cela que je ne peux que t’encourager à quitter la capitale de temps en temps pour t’imprégner de ce qui fait la permanence de ce monde.

Bien avant de commencer, je voudrais te dire aussi que je ne serai pas disponible la semaine prochaine pour un autre leçon, nous reprendrons dans deux semaines.

– « Ça tombe bien, moi aussi je suis en vacances, répliqua Bleu.
– Bien, maintenant, commençons une méditation. »

~

La semaine suivante, Bleu et Avril partirent une semaine, voir de plus près la nature. Sur les conseils de Violette, ils avaient choisi la ville de Digne-les-Bains, comme camp de base. Une ville étendue le long des berges de la Bléone, rivière presque à sec en ce mois de juin, les habitations montent timidement sur les flancs des massifs montagneux qui cerne la ville, dominé par le pic du Cousson (1500m). Depuis le pont du centre-ville, on aperçoit au loin la barre des Dourbes de 1700m, une vraie beauté, comme une vague de pierre qui déferle éternellement sur la ville, une menace cristallisée pour impressionner les passants dans la région.

Sortie de leur tente, Avril et Bleu, commencèrent joyeusement leur première randonnée, celle qui était la plus proche, le pic du Cousson. Ils partirent tôt pour esquiver la chaleur étouffante de ce mois de juin. Sur le chemin, il y avait le soleil qui entrait doucement dans la vallée, le contraste entre le flanc ouest où les arbres baignaient dans la lumière et le flanc est, sombre, était magnifique. Ils arrivaient directement de la capitale, les sensations étaient d’autant plus décuplées qu’ils étaient la veille enfermée dans le métro. Sur le chemin, il y avait une petite chapelle dans une grotte, dédié à la sainte Vierge, ils y firent une halte, déjà essoufflé après une heure de montée, pour sûr, leur vie citadine leurs avait fait oublier l’effort physique de longue durée.

Après s’être désaltérés, ils reprirent la montée de ce fourbe de pic du Cousson, passèrent d’une végétation forestière à un petit chemin sinueux au milieu de grands pins, le sol était maintenant recouvert d’aiguille de pins. Puis, la végétation changea de nouveau, des fleurs remplissaient les bas-côtés, des chardons d’un bleu vifs percutaient la rétine et l’odeur de la lavande gagnait les narines, Bleu et Avril appréciaient, tout çà dans une tranquillité presque angoissante, pour eux, citadins soumis au bruit permanent.

« Ah, enfin ! » s’exclama Avril. Au détour du chemin, ils apercevaient Digne, en contre-bas, qui semblait déjà si loin, mais le sommet lui demandé davantage d’effort. Déjà deux heures qu’ils montaient, ils n’en voyaient pas le bout, mais la vue dégagée sur l’horizon agissait comme une récompense, et les motivés à continuer leur ascension. Le calme s’insinuait dans leur cœur à la vue de l’horizon ondulant sur les monts. Enfin, ils arrivèrent sur un plateau où seuls les arbustes résistaient au vent, il y avait alors le choix entre deux pics : l’un à 1 516 m et l’autre à 1511 m, bon pour 5 mètres de différences, ils se décidèrent pour le plus haut, une question de dignité. Mais d’abord, une petite pause pour se désaltérer et profiter de la vue, point de course pour admirer.

De nouveau l’ascension, les derniers cent mètres, l’effort était difficile, le vent semblait ajouter à l’intensité de la montée, mais la volonté de se surpasser était là, vouloir voir ce que l’on ne peut voir qu’au sommet. Bleu sentait ses mollets gonflés, le souffle court, l’espace d’un instant, il se demandait pourquoi il s’infligeait tout ça, ils n’avaient pas choisi pour commencer la randonnée la plus facile. Mais finalement, au bout d’un effort qui semblait plus long lorsqu’il se rapprochait de la fin, ils arrivaient enfin au sommet.

Le sommet, c’est avant tout une vue et du vent. Une vue à trois cent soixante degrés, un panorama à couper le souffle, ce même souffle qui manquait déjà pendant l’effort. À l’est, la barre des Dourbe se dressait majestueusement, la vague de pierre se terminait par le pic de Couard culminant à 1988 m, arrondissant à 2000 m. Au nord et à l’ouest, se trouvait la ville de Digne-les-Bains, cachait en partie par les contrebas du pic du Cousson, on pouvait tout de même suivre les méandres de la Bléone dans la vallée. Au sud, la vue, était en partie bouchée, par le deuxième pic du Cousson. Le spectacle était saisissant, et c’est dégoulinant de sueur que Bleu et Avril s’embrassèrent pour fêter la victoire de l’ascension. Après avoir pique-niqué devant cet écran panoramique de haute qualité, ils redescendirent à leur rythme, sans trop se presser, mais tout de même avec la forte envie de s’allonger comme des crêpes sur les matelas gonflables de la tente, et de se reposer après l’aventure.

Au deuxième jour, ils choisirent une randonnée plus sage, baptisé, la randonnée des trois chapelles, en fin d’après-midi, pour éviter la chaleur. Si bien qu’après l’effort de la veille, ils s’étonnèrent d’être déjà arrivé à la première chapelle, en ruine, il y avait dessous, une petite grotte aménagée, avec un autel pour Sainte Marie. C’était le témoin de l’époque d’aujourd’hui, des lieux de cultes désertés, les saints n’avaient plus que les grottes pour se réfugier. Il y avait cette fois une vue sur la ville beaucoup plus précise, ils pouvaient nettement distinguer les gens déambuler dans la ville, c’était marrant d’observer sans être vue.

Le jour diminuait, Avril et Bleu continuèrent pour ce qui était la deuxième chapelle, à demi en ruine. La vue sur la Bléone serpentant dans la vallée en direction du sud, resplendissait au soleil couchant. Sans trop prendre le temps, ils continuèrent direction la dernière chapelle, car une course contre la montre était engagée avec le soleil. La troisième chapelle, donnée une vue imprenable sur le majestueux pic de Couard, comme un gardien paisible qui veille sur sa vallée, sûre de sa force, ne laissant nulle place au doute. De l’autre côté, à l’ouest, le soleil se couchait définitivement, la boule orangée glissait petit à petit derrière l’horizon, comme si quelqu’un la tirait vers lui. Les nuages se coloré d’un rouge vif, comme une femme porte du rouge à lèvre pour un rendez-vous galant. Dans sa disparition, le soleil offrait ses plus belles couleurs. Bleu et Avril étaient conquis, et s’imprégnaient d’une beauté qu’on leur aurait caché dans leur ville, ou peut-être qu’ils se la cachaient eux-mêmes.

Après une semaine, où leurs rétines en prirent plein la vue, et leurs muscles fatigués, ils rentrèrent sur la Capitale, essoufflés par la beauté de la nature. Arrivés à la gare, le bruit se faisait deux fois plus entendre, les lumières, deux fois plus aveuglantes, tout semblait aller à une vitesse folle, le gris et le noir dominait la palette de couleur, l’odeur de transpiration du métro au mois de juin semblait plus forte que jamais dans ce tunnel, les pubs, toujours plus nombreuses réclamaient le fond des portes monnaies déjà vide. Bref, ils étaient de nouveau dans les affaires courantes, et ils murmurèrent ensemble : « Vivement la prochaine sortie. »

CHAPITRE 5
PORTE DE LA VÉRITÉ

Après une semaine dans les pré-alpes, Bleu et Avril revenaient la mémoire, gorgés de beaux panorama, si bien que le retour à la vie citadine, toute la semaine, avait été difficile. Et de nouveau dimanche arriva, Bleu se rendit voir Violette, ayant assimilé la leçon sur la nature, même si ce n’était que le début d’une imprégnation, qui devait être plus profonde pour changer l’être.

– Bonjour Bleu, ravi de voir ton sourire, et je te félicite pour ton assiduité.
– Bonjour Violette, moi aussi, je suis heureux de voir votre sourire, et je suis toujours aussi prêt à entendre un nouvel enseignement. »
– Comme d’habitude, nous allons commencer par une petite méditation.
Que tous les êtres soient remplis de joie et de paix.

Dong… Vingt minutes passèrent.

« Aujourd’hui, j’espère que tu as bien prit le carnet comme je t’avais dit pour noter, car je vais t’enseigner la porte de la Vérité. Lorsque plus jeune, j’ai commencé cette quête de recherche de l’absolu, j’étais sceptique, et c’est important de l’être. Je ne pensais pas trouver véritablement une réponse, c’était comme une quête sans but. Je lisais, j’expérimentais, sans savoir un jour si j’y arriverai. Comme les navigateurs explorateurs qui sont parti traverser l’océan sans savoir à quoi s’attendre sur le trajet et s’il y avait une terre au bout. Être sur le chemin spirituel, c’est être cet explorateur.

J’ai pensée longtemps que du fait de vivre dans un monde relatif, il était impossible de connaître l’Absolu, mais au fil du chemin, la vérité s’est imposée à moi : j’ai découvert que tout le relatif s’articulait autour d’un principe Absolu, que s’il y avait un ordre dans ce monde, alors il y avait une vérité.

Il y a des personnes qui ne se poseront jamais de questions spirituelles, elles sont comme fermés à ces interrogations, jusqu’à que la souffrance soit trop grande dans leur vie, qu’elle passe obligatoirement par la remise en cause. C’est la souffrance qui permet de revenir à l’essentiel, c’est elle la porte principale de l’éveil. On souffre, donc on cherche pourquoi. Et c’est là qu’entre en jeu la sagesse. La sagesse n’est ni plus ni moins que l’art de l’équilibre, en accord avec les lois de la nature.

Pour cela, le Tao, nous enseigne la meilleure façon d’agir, par le non-agir. Deux personnes veulent traverser une rivière avec un fort courant, l’une commence à nager le plus fort possible à contre-courant pour atteindre la rive d’en face, elle s’épuise face à la force du courant ; tandis que l’autre personne se laisse porter par le courant jusqu’à la rive, un peu plus loin. Les deux atteindront la rive, l’une en s’épuisant, l’autre en gardant son énergie en s’harmonisant aux forces de la nature, elle arrivera même avant l’autre.

Le Bouddha Sakyamuni nous a enseigné trois caractéristiques de l’existence.

– L’impermanence : tout est constamment changeant, on ne peut absolument rien y trouver de permanent. Ironiquement, l’impermanence est permanente. C’est une des lois de l’Univers, elle est de l’ordre de l’Absolu. Cette impermanence est construite cycliquement, tout recommence, tout se termine, comme le fruit finit par pourrir.

– L’insatisfaction ou souffrance : aucun phénomène ne peut nous satisfaire de manière ultime et définitive. Le désir est un puits sans fond. Comme le dit la chanson des Rolling Stones dans leur chanson « I can’t get no satisfaction ».

– L’impersonnalité : il n’y a rien dans le monde qui n’ait une existence indépendante et réelle en soi, donc aucune âme, aucun soi, mais une simple agrégation de phénomènes conditionnés. L’impersonnalité est lié à la notion d’interdépendance. Comme les phénomènes n’ont pas d’identité indépendante, ils sont décrits comme vides. Cela ne veut pas dire que les phénomènes n’existent pas, seulement qu’ils sont vides d’un soi essentiel, d’une identité permanente, indépendante des autres phénomènes.

L’impersonnalité est en relation étroite avec l’interdépendance. Et l’interdépendance est en relation étroite avec le karma. Karma, vient du sanskrit qui veut dire action. On peut résumer cette loi par le dicton « qui sème le vent récolte la tempête », en effet tout ce que je sème, en bien comme en mal, je le récolterai tôt ou tard. Rien n’est jamais perdu dans l’univers.

Il y a 2500 ans, le Bouddha nous a aussi dit que « Nous sommes ce que nous pensons. Tout ce que nous sommes résulte de nos pensées. Avec nos pensées, nous bâtissons notre monde. » John Milton, confirme au XVIIème siècle : « L’esprit est à soi-même sa propre demeure ; il peut faire en soi un Ciel de l’Enfer, un Enfer du Ciel. » L’influence de la pensée est capitale, la dépression est une illustration du pouvoir de la pensée, enfermé sur elle-même. « On a toujours le choix, on est même la somme de ses choix », disait Joseph O’Connor. D’un jour de pluie, nous pouvons nous réjouir pour les végétaux ou nous attrister de devoir sortir le parapluie, nous avons le choix dans notre esprit.

Je t’ai appris à la dernière leçon que nous étions des êtres terrestres et que nous avons besoin de la terre, qu’elle est une partie de nous. Aujourd’hui je te révèle l’autre partie, nous sommes aussi des êtres célestes, nous sommes avant tout des êtres spirituels venu vivre une expérience terrestre. C’est Le grand oubli actuel, nous avons oublié notre origine spirituelle, nous ne sommes pas là pour vivre une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels venu apprendre, à la rencontre de la matière.

Cette expérience spirituelle, nous la faisons dans un monde relatif, l’harmonie née de la rencontre entre les deux pôles. La philosophe Simone Weil a très bien cerné les besoins de l’âme. Elle a écrit, lors de la seconde guerre mondiale, en plein cœur de l’horreur, des éclats de lumière : « L’âme a des besoins, et, quand ils ne sont pas satisfaits, elle est dans un état analogue à l’état d’un corps affamé ou mutilé. (…) Les besoins de l’âme peuvent pour la plupart être rangés en couples d’opposés qui s’équilibrent et se complètent.

L’âme humaine a besoin d’égalité et de hiérarchie (…).
L’âme humaine a besoin d’obéissance consentie et de liberté (…).
L’âme humaine a besoin de vérité et de liberté d’expression (…).
L’âme humaine a besoin d’une part de solitude et d’intimité, d’autre part de vie sociale.
L’âme humaine a besoin de propriété personnelle et collective (…).
L’âme humaine a besoin de châtiment et d’honneur.
Tout être humain qu’un crime a mis hors du bien a besoin d’être réintégré dans le bien au moyen de la douleur (…).
L’âme humaine a besoin de participation disciplinée à une tâche commune d’utilité publique, et elle a besoin d’initiative personnelle dans cette participation.
L’âme humaine a besoin de sécurité et de risque (…).
L’âme humaine a besoin par-dessus tout d’être enracinée dans plusieurs milieux naturels et de communiquer avec l’univers à travers eux.
La patrie, les milieux définis par la langue, par la culture, par un passé historique commun, la profession, la localité sont des exemples de milieux naturels.
Est criminel tout ce qui a pour effet de déraciner un être humain ou d’empêcher qu’il ne prenne racine.

Le critère permettant de reconnaître que quelque part les besoins des êtres humains sont satisfaits, c’est un épanouissement de fraternité, de joie, de beauté, de bonheur. Là où il y a repliement sur soi, tristesse, laideur, il y a des privations à guérir.« 

Le monde, dans notre société anthropocentrique, nous apparaît absurde. Peut-être parce que le bruit incessant de notre société nous empêche d’écouter, le matraquage publicitaire permanent nous empêche de voir. Ce n’est pas dans la ville que vous aurez des réponses mais dans le noble silence. Derrière le « silence déraisonnable du monde » d’Albert Camus, le sens est partout, ce n’est pas l’oreille qu’il faut prêter mais notre cœur. Ainsi apparaîtra les synchronicités, c’est à dire l’occurrence simultanée d’au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l’association prend un sens pour la personne qui les perçoit, ou autrement dit des « signes », une sorte de borne kilométrique de notre parcours spirituel. Nous aurons l’impression d’avoir des confirmations, des validations que nous sommes sur le bon chemin, des « feux verts ».

Une vérité capitale est celle-ci : L’esprit est prédominant à la matière. C’est à dire que la pensée crée. En Occident, nous pensons que nos mauvaises pensées, comme nos mauvaises émotions n’ont pas d’impact sur le monde, tant que nous n’agissons pas. Pourtant l’Orient nous enseigne que les conflits dans le monde sont le résultat de nos conflits intérieurs. Soigner notre guerre intérieure soignera les autres guerres.

Avec la pensée, nous avons un pouvoir sur notre futur. Notre futur est un arbre des possibles, et nous actualisons sans cesse les probabilités de chaque branche au jour le jour. Commet dit l’écrivain Didier Van Cauwelaert « le destin n’est qu’un outil de travail, un brouillon toujours modifiable, à condition qu’on s’en donne la peine. Le monde apparaît comme un scénario en cours d’écriture et de réécriture constantes au service de nos rêves ou à leur détriment. » Nous sommes cocréateur de nos événements futur, conformément à la loi de la résonance : nous attirons ce que nous sommes. Nos désirs, nos espoirs, nos angoisses écrivent pour nous le scénario de notre futur.

Enfin, je terminerai cette grande leçon sur une interrogation que tu as peut-être eut sur la fin de la vie, ou dit autrement : la mort. La mort n’est qu’un passage vers… une autre vie. Tout comme les arbres perdent leurs feuilles à l’automne, ils se préparent pour le prochain printemps. La Vie est issue de cette friction entre la naissance et la mort. Je ne vais pas détailler l’après-mort, car ce serait beaucoup trop long, mais sache qu’il ne faut pas en avoir peur, elle est une force qui rend la vie plus intense, elle peut-être aussi souffrance qui mène à l’éveil, il y a toute une vie après la mort, mais nous sommes avant tout ici pour accomplir notre éveil, notre mission spirituelle. Pour la question de Dieu, nous sommes tous une particule de lui, cultiver notre amour pour tous les êtres nous rapproche de lui.

Bien sûr, cette Vérité que je te dévoile, il est difficile pour toi de la comprendre, brute de forme, sans l’expérimenter. Il faut toute une Vie, d’où l’intérêt de commencer le plus tôt possible, il faut suivre la Voie, elle se dévoilera à toi, comme on tire un rideau doucement. Je t’enseignerai la Voie à la semaine prochaine.

– Et bien, heureusement que j’ai enregistré sur mon portable ce que tu as dit, parce qu’il y a de quoi faire ! Je vais étudier tout çà cette semaine, et creuser un peu plus sur les auteurs que tu cites. Merci encore Violette pour ces leçons.

CHAPITRE 6
PORTE DE L’UNITÉ

Cette fois, Violette avait donné rendez-vous dans un autre parc, au style japonais, il y avait un grand torii rouge à l’entrée du parc, un grand porche traditionnellement pour marquer l’entrée du territoire des kami, des esprits. Un pont, lui aussi vermillon, enjambant le canal donnant sur un îlot-kiosque, où se trouvait Violette sur un banc, attendant tout sourire. Des canards glissaient sur le canal enveloppé par la brume matinale. Violette avait eu raison de choisir ce parc, l’atmosphère asiatique y était d’autant plus favorable à la méditation des matins de dimanche.

– Bonjour Violette ! Toujours la mine ravissante, ton sourire est indécrochable !
– Bonjour Bleu, merci du compliment, toi aussi je vois que tes yeux brillent de sérénité de jour en jour, bientôt tu n’auras plus de yeux mais deux étoiles qui illumineront tous ceux sur ta route !  Bienvenu pour la traditionnelle méditation d’avant leçon. Aujourd’hui, comme tu as l’habitude, maintenant, nous allons doubler le temps de méditation pour développer davantage notre concentration. Que tous les êtres vivants soient en paix et heureux. »

Dong…

« Aujourd’hui Bleu, je vais t’enseigner la voie de l’unité. Mais il y a une chose que j’ai à peine effleuré, c’est la réincarnation. Elle est liée au karma, tout comme l’impermanence se manifeste par des cycles, nous sommes aussi prisonniers d’un cycle, qui s’appelle le sâmsara : le cycle des renaissances, maintenu par le désir de vivre. La réincarnation est dans le monde occidental, resté à l’état de concepts, car il est toujours difficile de trouver des preuves de son existence, et pourtant elles existent, il n’y a qu’à voir tous les cas étudiés par le docteur Ian Stevenson. De plus, nous pouvons, par le biais de l’hypnose, avoir accès à la mémoire de nos vies passées, elle peut nous permettre de lever des blocages, des peurs qui sont encore actives inconsciemment dans notre vie actuelle. Le bouddhisme enseigne que nous pouvons aussi rétrograder dans le cycle des réincarnations, vers la condition animale ignorance ou pire, dans des lieux infernaux… L’incarnation humaine est une véritable opportunité pour s’élever, elle est rare, et c’est pour cela qu’il faut prendre soin de notre corps, comme de notre esprit.

Nous pouvons sortir de ce cycle de réincarnation, c’est ce que l’on appelle le nirvana, l’éveil, un état au-delà du Sâmsara. Nirvana signifie « extinction » ou « libération », c’est la fin du désir, de l’attachement et de l’ignorance, un état au-delà de la dualité et de la relativité, au-delà de l’ego, celui d’une paix intérieure totale et permanente. C’est un état d’esprit dans lesquelles tous les défauts : colère, haine, cupidité, l’orgueil, l’ignorance… ont été éliminés, et les qualités comme la compassion, la générosité, la compassion, la patience, la sagesse ont été perfectionnés. Quelqu’un qui est illuminé est libre de tous ses problèmes et de la souffrance : douleur, maladie, mort, peur, tristesse, solitude… Une personne ayant atteint l’éveil, est appelé un Bouddha, du sanskrit « buddha » qui veut dire éveillé.

Comment atteindre cet état me demandera-tu ? Par l’assiduité d’une vie Juste. Bouddha nous a enseigné le noble sentier octuple, son symbole est la Dharmachakra ou roue du dharma, avec les huit rayons représentant les huit membres du Noble Chemin octuple, appelé aussi Chemin du Milieu, car il évite les deux extrêmes que sont d’une part la poursuite du bonheur dans la dépendance du plaisir des sens et d’autre part la poursuite de la libération dans la pratique de l’ascétisme et de la mortification.

Le Noble Sentier octuple peut se diviser en trois parties (éthique, discipline mentale et la grande sagesse). On trouve ainsi pour l’éthique, la parole juste, ce qui signifie : ne pas mentir, ne pas semer la discorde ou la désunion, ne pas tenir un langage grossier, ne pas bavarder oisivement. L’action juste en accord avec les Cinq Préceptes, c’est à dire : ne pas tuer ; ne pas voler ; ne pas commettre d’inconduite sexuelle (l’adultère…); ne pas mentir ; ne pas prendre de substances altérant l’esprit (boire de l’alcool…). Et la profession juste, métier avec accord avec les principes énoncés précédemment.

La discipline mentale est composée de la persévérance juste, de l’attention juste (pleine conscience), et de la concentration juste (de l’établissement de l’être dans l’éveil). Enfin, la grande sagesse « Prajñā », est composé de la compréhension juste (de la réalité), et le discernement juste (dénué d’avidité, de haine et d’ignorance).

Maintenant, je voudrai t’avertir du danger de la Voie, c’est de prendre la Voie, ou la recherche de l’éveil comme une fin. Or comme l’a dit Bouddha, l’enseignement représente un radeau, une fois qu’on a atteint l’autre rive ; celle au-delà de tous les concepts dualistes, de un/plusieurs, intérieur/extérieur, temps/espace, esprit/matière … que l’esprit utilise pour limiter, diviser et concevoir la réalité ; nous n’avons plus besoin du radeau, il ne faut pas produire d’attachement à l’enseignement. »

Bleu prit la parole : « J’aimerai te demander Violette, est-ce que Dieu existe chez les Bouddhistes, est-ce que les Anges existent ? Qui a créé le monde ? »

– Non Dieu n’existe pas chez les Bouddhistes, car l’Univers est sans commencement. Pour tes questions de cosmologie, je n’ai pas la réponse à tout, je te donne une anecdote du Bouddha à qui on l’interrogea sur ces mêmes types de questions. Bouddha prit une poignée de feuilles et demanda au visiteur : ‟Y a-t-il plus de feuilles dans mes mains, ou dans la forêt ?” ‟Il y en a certes bien plus dans la forêt,” répondit l’homme. Le Bouddha poursuivit : ‟Eh bien, les feuilles que je tiens dans ma main représentent les connaissances qui conduisent à la cessation de la souffrance.” Il ne faut pas perdre de vue la paix intérieure, d’où l’importance de la concentration et de la persévérance.

~

Six mois après cette leçon, alors que Bleu se prélassait dans une chaise longue, sous les pins de l’Atlantique. D’un coup, il se sentit hors de son corps, il avait conscience de se déplacer, et dans le même temps, il était dans la conscience du pin à sa droite, il sentait la sève monter, puis transporté dans la conscience de la cigale posé sur le pin, heureuse à chanter, le temps semblait éternel, soudain il devenait une petite fourmi marchant sur les aiguilles de pins, dans des paysages immenses, il se sentait même dans l’herbe sur laquelle la fourmi grimpait, puis d’un coup il était la grive chantant sur sa branche, sa conscience était comme à la fois démultiplié et unifié, il vivait tout à la fois, tout était tellement intense et magnifique.

De retour dans son corps, estomaqué, il n’arrivait à mettre des mots sur ce qui venait de vivre, il avait senti en lui-même que tout était conscience, que la vie était partout autour de lui, de la compassion pour toute cette vie lui venait spontanément, comment pourrait-il faire du mal à une fourmi s’il était lui-même la fourmi le temps d’un instant ? Le Monde semblait désormais radicalement différent après cette expérience. « Je vais devenir végétarien » se disait-il, et même s’il le pouvait il ne mangerait plus du tout, mais est-ce possible ? Tout semblait possible dans la réalité profonde dans laquelle il avait plongé.

Une phrase de Violette résonnait dans sa tête : « N’oublie pas que nous sommes d’abord des êtres spirituels. Nous venons apprendre que nous sommes tous un. » C’est clairement cette phrase qu’il venait de vivre avec son propre ressenti, sa propre conscience, incroyable, il n’en revenait pas…

Il ne comprenait pas d’où cette expérience provenait, il n’avait pas pris d’alcool, ni de quelconque drogues ou médicaments, n’était pas malade, il s’était juste détendu le temps d’une sieste sur la chaise longue, et il était parfaitement éveillé. Comment revivre cette expérience se demandait-il, pour une fois, il ne voyait pas de réponse, seulement encore un souvenir de sens en ébullition au-delà des cinq sens. Il n’avait pas non plus compris comment il était revenu dans son corps d’un coup, sans avertissement préalable.

Ainsi, après cette expérience, alors qu’il marchait le long de la rivière locale, il réfléchissait sur le sens donné à sa vie dorénavant. Il savait maintenant que le monde autour de lui, la séparation qu’opérait le mental ne se faisait plus après une longue pratique, que les concepts n’avaient pas lieu d’être, l’expérience pure enseignait l’unité du monde qui l’entourait. Il voyait bien que l’ego était obsolète, qu’il était une illusion de l’esprit. Dorénavant, il vivait l’interdépendance, la générosité l’habitait, et l’idée d’enseigner à son tour lui venait, il fallait montrer, à ce qui était prêt, le chemin vers la libération.

Car oui, tout le monde n’était pas prêt pour le chemin de la paix intérieure. Un moine indien bouddhiste du XIème siècle, Atisha, avait théorisé les différents niveaux de consciences. Dans son texte, la lampe sur le chemin de l’éveil, il différenciait trois grades d’éveil : « La personne inférieure est celle qui cherche seulement à se satisfaire des plaisirs du monde. La personne « moyenne » abandonne ces plaisirs, recherche la vertu morale et tente d’atteindre la paix spirituelle dans son propre intérêt. Mais celui qui, conscient de la souffrance arrimée à son existence, est motivé par le seul souci de supprimer celle des autres, celui-là est une personne supérieure. » Autrement dit, c’est l’ego qui déterminait le niveau de conscience de la personne. Bleu envisageait de s’intéresser à la première catégorie, car il se sentait bien encore apprenti, même si l’expérience du tout avait réduit fortement son ego.

Il laissa traîner son regard sur les eaux mouvementés de la rivière, l’eau n’était déjà plus la même depuis le début de sa réflexion, tout change, et lui aussi ne se sentait plus le même depuis qu’il avait suivi les leçons de Violette, la réalité l’avait changé, en bien, il était plus joyeux, plus détendu. Il avait laissé tomber le pessimisme qui le prenait auparavant pour un optimisme réaliste, il préférait l’action à la plainte.

Bleu avait aussi lu le Tao pour compléter sa culture orientale. La poursuite de la sagesse et de la paix intérieure était universelle. Il avait accroché quelques citations dans sa demeure comme : « L’homme de bien est le maître de l’homme de non-bien. L’homme de non-bien n’est que la matière brute de l’homme de bien. » Tout le sens de la vie était résumé dans cette phrase, devenir un homme de bien, afin d’aider l’homme de non-bien. Sous les apparences absurdes, le monde cache bien son jeu. Il y avait aussi « La Voie universelle déverse ses avantages sans nuire. Accomplir sans rivaliser, telle est la Voie de l’homme éclairé. » Bleu privilégiait la coopération plutôt que la compétition.

CHAPITRE 7
PORTE DE L’UTOPIE

Un an était passé, depuis que Bleu avait suivi les enseignements de Violette.

Bleu avait quitté la capitale, il vivait maintenant, avec Avril, côté montagne, la tranquillité de son âme avait demandé le calme des hauteurs. Il travaillait à temps partiel dans un restaurant du village, et passait le reste du temps à développer ses facultés spirituelles, et à enseigner aux gens du village.

Mais ce jour-là était exceptionnel, il était de retour sur la capitale l’espace d’une journée.

Il y avait des tas de gens au crématorium. Et lorsqu’on demanda si quelqu’un voulait dire quelques mots, il leva la main spontanément. Il s’avança lentement vers le micro.

Violette a fait partie de ces personnes qui ont divulgué la Vérité sur le monde, permettant un accroissement de la connaissance pour un meilleur vivre-ensemble. Le Monde évolue de plus en plus vite et cette évolution est corrélé à la circulation de l’information. Avec les nouvelles technologies, l’accès à la Vérité s’est facilité, le nombres d’éveilleurs et d’éveillés se multiplie de manière exponentielle.

Aujourd’hui, le monde est une fleur au bord de l’éclosion, et c’est en partie grâce à toi Violette. Bien qu’elle enseignât de ne pas regretter, il sera difficile de ne pas la regretter. Je suis sûre que là où elle doit être, elle sera heureuse. Merci pour tout Violette. »

~

Bleu en savait plus sur le monde, il avait continué d’apprendre et d’expérimenter. Il savait aujourd’hui, qu’il existait au-dessus du monde physique, une réalité éthérique, il l’avait expérimenté en sortant de son corps. Les bouddhistes tibétains connaissaient depuis longtemps ce niveau de réalité, différent de la matière, ils en faisaient un usage inattendu, comme le montre ce témoignage extrait d’un livre d’entretien avec le Dalaï-lama : « Il y a également le cas de yogis s’entraînant pour utiliser le corps spécial de rêve. Afin de ne pas perdre de temps dans leurs pratiques religieuses, souvent ils ouvrent les pages d’un texte d’étude avant de s’endormir puis, pendant le sommeil, ils quittent leur enveloppe corporelle et passent leur temps à lire. Les pages du livre doivent être ouvertes avant l’endormissement car le corps de rêves est incapable d’agir sur la matière grossière. »

Au-dessus de la réalité éthérique, il y a la réalité astrale, un non-lieu infini où se rejoignent émotions et pensées. Chaque pensée, intention émise, crée une forme dans l’astral, d’où l’intérêt de cultiver la pensée positive, et de contrôler ses émotions, car elles sont créatrices. Comme disait John Lenon et Yoko Ono, « War is over, if you want it. » (La guerre est terminée, si vous le voulez), car si tout le monde soignait ses troubles intérieurs, il n’y en aurait plus à l’extérieur. Le Monde astral est divisé en différentes fréquences, les plus basses fréquences sont sombres, et l’ego affirmé, les plus hautes sont dans l’amour inconditionnel. L’astral est un lieu où l’on voyage par la pensée, d’où l’intérêt de les maîtriser, car on attire à soi ce que l’on pense, et des pensées négatives nous emmènent dans les catacombes astrales, alors que les pensées pures nous élèvent au-delà de la gravité astrale. Le livre des morts tibétains met en garde l’âme sur l’astral pour justement éviter ses peurs et maîtrisait son esprit. Frederic Myers, par l’intermédiaire de la médium Géraldine Cummins disait ceci de l’astral : « Je n’ai qu’à me construire une image de moi-même, afin d’envoyer cette image à travers le vaste monde à un ami en harmonie avec moi. »

L’ami de Bleu, Tony Laklaes avait terminé son moteur à énergie libre, destiné à remplacer les énergies fossiles, qu’il vendait seulement aux particuliers, déjà avancé spirituellement, pour ne pas que cela tombe entre les mains de personnes dangereuses. L’énergie libre n’est, ni plus ni moins, que la captation d’ondes par électromagnétisme, qui donne un rendement sur-unitaire, une énergie totalement « propre » pour notre environnement. Tony Laklaes avait monté des voitures électriques avec sa technologie totalement non-polluante, et gratuite, une vraie révolution, qu’il gardait à l’abri des convoitises, seuls les éveillés utilisés la technologie, en prétextant une voiture électrique classique, pour ne pas éveiller les soupçons. Le Monde changeait pour les hommes prêts à changer.

Pour ne pas perdre la tête avec le monde spirituel, Bleu développait davantage sa connexion terrestre, il avait affiné ses sens, notamment le ressenti avec les animaux. Il pouvait, dorénavant, en se relaxant totalement, communiquer avec les animaux autour de lui, et même à distance, ce n’était pas vraiment un langage avec des mots, mais avec des sensations, une utilisation extra-sensorielle des cinq sens. Il pouvait ainsi savoir si l’animal avait mal à quelque part, car il sentait dans son propre corps l’endroit de la douleur ou alors recevait une image précise de l’emplacement, il avait ainsi soigné les animaux domestiques du coin. La communication n’était pas limitée au règne animal, elle était aussi possible avec les végétaux, même s’il était encore en cours d’apprentissage, il avait réussi une fois à communiquer avec les orties, qui l’informait de ces pouvoirs pour soigner et autres usages. C’était sans doute, le même moyen que les chamans de tout temps, utilisait pour différencier les plantes dangereuses à celles soignantes. D’ailleurs, souvent entre le poison et la guérison, il n’y était simplement qu’une question de dose.

Bleu avait aussi découvert son animal-totem : le serpent, aussi surprenant soit-il. Le serpent incarne le renouveau constant, la transformation, par sa mue de peau. Dans de nombreuses cultures, cet animal est vénéré comme un totem puissant qui représente la source de la vie.  Cet animal est habituellement près du sol et peut vous rappeler de garder les pieds sur terre et de renforcer vos fondations alors que vous traversez des moments de changement. Il avait découvert alors qu’il avait simplement demandé à l’univers quel était son animal totem, et le lendemain, un serpent se trouvait en plein milieu de son passage, dans le jardin, alors qu’il n’en n’avait jamais vu auparavant. Il ne savait pas encore s’il gardait l’animal-totem à vie, ou si celui-ci changeait en fonction des périodes de la vie.

Bleu avait même rencontrer des gens pour qui, ils étaient possibles de se passer de manger, ils disaient se nourrir de l’énergie universelle, de lumière, appelé prana. Et ils les avaient côtoyés assez longtemps pour les voir à l’œuvre, se passer des repas, et méditer à la place, c’était des personnes calme, et bienveillante, ils semblaient communier avec un quelque chose au-delà du monde visible. Bleu sentait que les pouvoirs de l’esprit étaient immenses mais cela demandé de l’apprentissage, et une foi absolue dans la domination de l’esprit sur la matière.

Pour expliquer tous ces changements à Avril, Bleu reprenait la métaphore du diamant de Violette. Un diamant est composé de carbone, le même qu’on trouve dans la nature sous forme de graphite, complétement noire, dans une structure chaotique, le carbone ne permet pas de laisser passer la lumière. Alors que le diamant a une structure harmonieuse, symétrique, il prend des millions d’années pour s’organiser de telle manière, mais à la fin il obtient la structure la plus optimale, pour faire entrer la lumière, et resplendir de plus belle. Il est aussi un des matériaux les plus solides. L’homme est comme le carbone, dans sa structure intérieure chaotique, il n’en ressortira rien de bon, la lumière ne pourra pas y entrer, mais s’il prend le temps de se construire une structure intérieure harmonieuse, cristalline, la lumière entrera et il resplendira de plus belle.

Ainsi, lorsque l’humanité aura élevé sa conscience au-delà du mental, elle sera libre des forces de l’inconscient qui la manipulent à travers la peur, la souffrance et l’instinct de survie, seules domineront les forces de la conscience qui le guident à travers la confiance, la foi, et l’amour inconditionnel. La mécanique universelle de l’évolution porte au fil des jours l’humanité toujours plus haut, car nous sommes tous entrée dans la grande mutation.

~

Ils vivaient dorénavant avec Avril, dans une petite yourte, nommée « petit palace ». Ils cultivaient leur jardin potager, ce dernier tenait dans une serre, plus grande que leur habitat, de façon à donner des légumes au voisinage, à cultiver dans le même temps leur générosité. Ils vivaient avec tout le confort apporté par l’énergie libre, électricité gratuite, un chauffage solaire et au bois, seul internet les reliés au monde extérieur, car l’eau provenait de leur rivière et était relié à leur propre réseau de filtration, à l’aide de plantes. Enfin, les légumes et les fruits poussaient en abondance, ils ne manquaient de rien dans leur petit paradis, en plein cœur de forêt.

Avril aussi était engagé sur le chemin spirituel, elle cultivait son don de guérisseuse, par magnétisme, elle soignait les gens du village, y compris à distance, car l’amour voyage au-delà de l’espace et du temps. Ce matin-là, Avril, tout sourire, se précipita sur Bleu, pour lui annoncer qu’elle était enceinte, le test de grossesse dans les mains qu’elle lui tendit. Bleu ne comprit pas grand-chose au signe abstrait du test, mais il était heureux, sûre d’un futur joyeux, et il travaillait d’arrache-pied pour le bonheur. Le Règne des Belles Âmes commence !

Il y avait des nouvelles du monde extérieur, où doucement, la majorité était passé dans la quête spirituelle annonçant un changement décisif dans la direction de l’humanité. Parler de facultés spirituelles n’effrayait plus personnes, et même si le modèle des scientifiques n’expliquait pas tout, la voyance, la prière, le magnétisme, la télépathie, la méditation et le fameux voyage astral étaient abordés naturellement dans la société. C’était toute une nouvelle société à bâtir, où on enseignait à l’école, la nature spirituelle de la vie, au-delà des religions, dans le cœur de chaque personne était semé une graine de compassion, que la société se faisait une joie de cultiver. On ne s’ennuyait pas plus qu’avant, car il y avait tant à faire dans l’apprentissage, la culture, l’art, le sport, la médecine, étaient séparés de tout esprit de compétition, ne restait que le partage et la joie du moment présent.

2018 – Théo Bruno Vogeleisen

Partager cette page :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *