Cette souffrance, liée à la rupture avec mon ex-copine, huit mois auparavant, avait eu le temps de fermenter. Quelques mois après la rupture, je suis parti voyager en Asie du sud-est, pour tourner la page et repartir de l’avant. Mais en revenant, tout m’est revenu à la figure : la solitude, et les flashs des souvenirs heureux torturant le cœur… Me voilà de nouveau possédé par ma souffrance.
Pendant des jours, je commençais à me dire que c’était sa faute, à tourner en boucle des raisons imaginaires pour la détester puisqu’elle ne m’aimait plus. C’est dans ce contexte, que je lui ai envoyé, sur Facebook, un message incendiaire, de tous ce que je lui reproché, de m’avoir abandonné, ou autre motif peu reluisant. Et j’ai continué, même lorsqu’elle m’a répondu qu’elle pleurait.
Vomir sa souffrance sur les autres ne la fait que grossir
Et dans cette conversation, j’ai ressenti et discerné nettement à l’intérieur de moi, ma souffrance et mon amour pour elle. Ma part de souffrance, pleine d’espièglerie malsaine, jouissait de lui faire du mal, de lui dire tout ce qui pouvait la faire souffrir, de la pousser à bout, quitte même à mentir pour remuer le couteau dans la plaie. Ma part d’amour pour elle, était pleine de tristesse, de voir que je perdais le contrôle et que je lui faisais du mal délibérément.
J’ai obtenu au fond ce que je voulais inconsciemment. Elle m’a bloqué.
Je suis sorti marcher et fumer dans la nuit, dépité d’en être arrivé là. Pourquoi je fais du mal à la femme que j’aime ? Je ne sais pas pourquoi j’ai tout fait pour qu’elle me déteste, et qu’elle mette fin à notre amitié…
J’ai ensuite commencé à m’auto-flageller, je ne suis pas la lumière que je pensais être, comme pour expier ma faute. Peu efficace.
Mais la leçon que j’ai comprise, dans cette malheureuse expérience, était capitale.
Une énergie se nourrit de la même énergie.
La souffrance se nourrit à faire souffrir les autres.
Et même, la souffrance prend du plaisir à faire souffrir.
Plus nous donnons de l’espace et du temps à notre souffrance, et plus celle-ci s’installe. J’avais donné carte blanche à ma part en souffrance, et elle a entrainé tout mon être avec elle. J’ai vomi ma souffrance sur elle, au lieu de la digérer.
« Il n’y a rien de plus horrible qu’un homme malheureux parce qu’un homme malheureux fait le malheur. »
Jacques Brel
Rêve de guidance
À la suite de cette soirée, je me couche, en sollicitant un rêve pour m’aider à tenir le cap.
Le rêve se passe dans l’univers de Star Wars. Je suis dans une école de Sith, les ennemis des Jedi, où l’on me montre les installations, les néons sont des croix chrétiennes rouges, l’ambiance est sombre. Puis on me dit qu’ici, il n’y a pas de différence entre la vérité et les mensonges. L’Empire Galactique s’est construit sur des mensonges. Je vois la scène de la destitution des Jedi.
Le rêve se conclut sur « le sentiment de trahison mène à la colère, la colère mène à la haine et la haine mène au côté obscur. »
Puis, je me réveille, juste après, en sueur. J’ai compris la leçon : me laisser entrainer par ma souffrance, au point de mentir et d’arranger les faits à mon profit, me mène sur la mauvaise pente, du côté obscur.
Le rêve était si réel, que même après des mois, je me rappelle parfaitement des images que j’ai vues. Cela m’a calmé, et j’ai accepté d’assumer ma souffrance, sans la vomir sur les autres, accepter de la digérer.
La souffrance se traverse, comme les peurs, et toutes les émotions, alors traversons les sans s’y attacher.
– Youtube « La colère, la peur, l’agression forment le côté obscur de la Force »
– Article « Souffrance »